Notre association s’est donnée comme première mission d’obtenir la délocalisation du projet de construction d’une usine
de méthanisation prévu sur un site sensible, inapproprié à ce type d’activité.
1) Le projet Biométhane du Vandy, ce que l’on sait :
La SAS Biométhane du Vandy, dont les associés sont Messieurs Eric, Maxime et Stanislas Beguin de Saint-Etienne Roilaye et
Monsieur Fabrice Carbonnaux de Croutoy, a été immatriculée au registre du commerce de Compiègne le 17 juillet 2019 dans le
but de construire un méthaniseur pour produire du gaz à partir de déchets non dangereux et CIVE. Messieurs Eric, Maxime et
Stanislas Beguin possèdent chacun 20 % des actions de la SAS, et Monsieur Fabrice Carbonnaux, son président, 40 %.
La SAS Biométhane du Vandy envisage la construction d’un méthaniseur d’une dimension comprise entre 30 000 m2 et 40 000 m2
(soit l’équivalent de 4 à 5 terrains de football) sur le plateau “Les Eperchets”, situé entre les hameaux de Saint-Etienne
et Roilaye, à la lisière de la commune de Chelles.
Ce méthaniseur prévoit de recycler 25 000 tonnes d’intrants par an et fonctionnerait grâce à
l’acheminement de matières végétales en provenance, pour 50% d’entre elles, de quatre exploitations agricoles situées dans
les communes de Rethondes, Croutoy, Saint-Etienne Roilaye et Vivières.
Ces matières végétales seraient constituées de cultures intermédiaires à vocation énergétiques, de résidus de cultures
(pommes de terre, issues de céréales), de pailles, de pulpes de betteraves, de tontes de pelouse, de déchets verts et
potentiellement, de tout autre déchet d’origine végétale.
La SAS Biométhane du Vandy prévoit également l’implantation de zones de stockage de digestat solide :
4 hangars de 270 m2, 450 m2, 145 m2 et 300 m2 sur la commune de St-Etienne Roilaye
2 hangars de 650 m2 sur la commune de Vivières
et de lagunes de digestat liquide :
1 fosse de 2000 m3 sur la commune de St-Etienne Roilaye,
1 fosse de 1800 m3 sur la commune de Jaulzy
et 1 fosse de 1400 m3 sur la commune de Vivières
Le gaz serait injecté depuis le site par une canalisation à construire qui rejoindrait le réseau de Jaulzy.
GRDF assurerait le raccordement de l’installation au réseau de gaz naturel, ainsi que l'injection et l'acheminement du biométhane
dans le réseau. Des travaux importants seraient donc réalisés, le point de raccordement étant situé à une distance de 7,4 km.
Cette usine est une installation classée soumise à enregistrement dans le cadre réglementaire de l’étude ICPE (Installation
classée pour la protection de l’environnement).
Cet enregistrement concerne toute exploitation industrielle ou agricole susceptible de créer des risques ou de provoquer des
pollutions ou nuisances, notamment pour la sécurité et la santé des riverains.
Le projet est actuellement en cours d’enregistrement des dossiers ICPE. Les permis de construire ont été accordés.
La mise en route de l’installation était initialement prévue pour octobre 2022.
2) Une localisation inappropriée du projet, pourquoi?
Les camions chargés d’alimenter en continu ce méthaniseur en intrants, puis de répartir le digestat dans les différentes zones de
stockage, traverseraient nécessairement les villages de Saint-Etienne, Roilaye, Croutoy, Cuise-la-Motte, Chelles, Vivières,
Taillefontaine, Retheuil et Pierrefonds, au détriment des collectivités et des riverains.
Si, comme annoncé par la SAS BioMéthane du Vandy (ce qui est rarement le cas dans les faits), les périodes de stockage d’intrants pour l’usine de méthanisation se concentrent
sur 20 jours par an, les villages nommés ci-dessus subiraient alors le passage d’un camion toutes les demi-heures, jour et nuit.
Toutefois, ce flux de camions ne concerne que l’arrivée de certains intrants sur le site. Il faut aussi compter celui qui concerne la
distribution du digestat solide (en poids lourds) et liquide (entre autres en camions citernes) dans les communes de Saint-Etienne
Roilaye, Jaulzy et Vivières. Le dossier ICPE indique une moyenne de 6,2 camions ou 7,8 tracteurs par jour, lissée sur l’année.
En plus de la nuisance sonore, ces routes de campagne sont particulièrement dangereuses puisque étroites et empruntées quatre fois
par jour par des cars scolaires. À l’heure actuelle, il est impossible pour une voiture de croiser un camion dans le village de Roilaye.
Les accidents sont déjà trop nombreux sur ces routes glissantes et détériorées par les aléas climatiques et le passage d’engins agricoles.
Les riverains sont particulièrement inquiets des nuisances olfactives générées par l’usine de méthanisation et le digestat entreposé dans
les hangars agricoles ou dans des fosses dans les champs. En effet, si les porteurs de projet arguent que les intrants étant végétaux, le
processus de méthanisation ne sera pas odorant, nous doutons fort que les habitants feraient le même constat. Les témoignages de riverains
d’installations similaires sont formels. Les intrants seraient non-seulement du maïs ou des CIVE (Cultures Intermédiaires à Valeur
Énergétique), mais également des pommes de terres, des pulpes de betteraves etc… Les pulpes de betteraves sont très odorantes, même à
l’état brut. Toute décomposition pue, même végétale. Un ensilage mal fait, fut-il de maïs, sent mauvais car il pourrit. Les maisons les
plus proches se situent à 400 mètres du lieu choisi pour l’usine de méthanisation, et le digestat serait stocké à quelques pas des maisons,
dans des hangars agricoles.
Ces nuisances olfactives et auditives nous poussent à croire que les biens immobiliers des riverains seraient largement dévalués, nonobstant
les explications des porteurs de projet. Notre analyse s’est d’ailleurs vue corroborée par celle d’un agent immobilier reconnu de la région,
estimant la perte du prix des maisons à près d’un quart de leur valeur.
À ces nuisances viennent s’ajouter les risques d’explosion et d’incendie. La récente explosion suivie d’un incendie à Ivry-le-Temple dans l’Oise,
comme les nombreux incidents en France et en Allemagne, montrent que ce risque n’est pas négligeable. La réglementation à laquelle sont soumis
les dossiers ICPE indique bien que les risques d’explosion sont à prendre en compte.
Cette usine de méthanisation serait imbriquée entre deux bras de la forêt de Compiègne, classée zone Natura 2000. Un incendie pourrait
dès lors très facilement se propager dans la forêt. D’autre part, les porteurs de projet affirment qu’en cas de surpression, une torchère
sera allumée pour brûler une partie du gaz. Nous estimons qu’il n’est pas raisonnable d’avoir une source de feu à proximité d’une
forêt et des habitations.
Qui plus est, le lieu choisi se situe juste au dessus d’une source dite “Les Ecolives” et d’un point de stockage d’eau potable, encore entretenu par la SAUR.
Les difficultés que nous avons rencontrées pour obtenir des informations sur cette source nous laissent à penser que ce sujet est particulièrement sensible.
Or les récents événements en Bretagne où 180 000 habitants se sont retrouvés privés d’eau du robinet prouvent que le risque de pollution de l’eau à cause d’
une fuite de digestat est loin d’être nul. D’autre part, la source des Ecolives donne naissance au ru des Ecolives, lui-même affluent du ru de Vandy, qui fait
l’objet d’un programme de restauration pluriannuel à hauteur de 943 000 €.
Qui plus est, l’épandage de digestat, particulièrement de digestat liquide, au-dessus d’un sol karstique comme l’est celui de l’emplacement
retenu, entraîne une pollution rapide et sévère des nappes phréatiques alimentant les sources.
Ce projet, qui se veut écologique, entraînerait la bétonisation d’une zone agricole dans un écrin de nature protégée. Nous estimons que,
par ce simple fait, ce projet ne correspond pas aux idéaux du développement durable, qui consiste en la préservation de l’environnement
pour les générations futures. Pourquoi ne pas choisir une zone plus adaptée, de type friche industrielle, plus proche du point de raccordement
au réseau de gaz (le point le plus proche est à 10 km du lieu choisi) et loin des habitations ?
Enfin, contrairement à la communication des porteurs du projet, qui indique la création de quatre emplois, seul un emploi direct serait réellement créé.
Surtout, sa réalisation en détruirait bien plus et empêcherait le développement d’autres projets. Selon les dires mêmes des
professionnels du tourisme, une seule mention du méthaniseur sur leur site internet ou sur leurs réseaux sociaux ferait chuter drastiquement
les réservations des clients. Aussi, les gîtes, hôtels et restaurants des villages voisins redoutent une fréquentation en berne si l’usine
de méthanisation devait s’implanter à Saint-Etienne Roilaye. Nous pensons que l’équation création d’emplois - destruction d’emplois serait
à la défaveur du dynamisme économique de notre région.
Pour plus de transparence et de démocratie locale
Alors que la SAS BioMéthane du Vandy, “en réflexion depuis 2018” selon son site, a été enregistrée au greffe de Compiègne en juillet
2019, les conseillers municipaux de Saint-Etienne Roilaye n’ont appris le projet de méthaniseur qu’en juillet 2020. Les habitants eux,
n’ont eu droit qu’à un papier dans leur boîte aux lettres en août 2020, une semaine après notre propre tract. Un second billet d’information,
daté du 23 octobre 2020 et consultable sur le site de la Société, n’avait pas encore été distribué en version papier le 29 octobre.
Pourtant, un des associés de la SAS est le maire du village, réélu lors d’une élection où une seule liste se présentait. Il aurait donc
été de bon ton de prévenir ses administrés d’un projet qui les concerne au plus haut point, et ce avant les élections municipales.
Les maires alentours n’étaient pas non plus au courant : certains n’ont été prévenus de passages de camions sur leur commune que par notre
courrier les alertant. Plusieurs maires ont réclamé sans succès pendant un an le plan de route précis emprunté par les camions. Malgré nos courriers
aux porteurs de projet, nous n’avons pu obtenir que très peu d’informations précises sur le trajet emprunté par les camions, le raccordement
au gaz, les études de risques etc… Ces difficultés de communication entraînent un climat de suspicion dans lequel les habitants ont l’impression
que le projet se fait en catimini, et qu’ils n’ont pas voix au chapitre.
Pourtant, nous tous, citoyens de la République, payons par nos impôts ces infrastructures. En effet, la méthanisation est largement subventionnée
par l’Agence de la Transition Écologique (ex-ADEME), et les fonds européens. Nous payons donc par nos impôts un projet qui nuirait à la santé des
habitants et à l’économie de la région, pour le seul bénéfice des quatre porteurs de projet. Il est temps que les citoyens puissent avoir droit aux
informations en toute transparence, et que leurs voix soient entendues.
Et après ?
La lutte pour le déplacement de ce projet de méthaniseur n’est pas le seul objet de l’association. À terme, nous concentrerons nos efforts
sur des actions de protection de la nature et du patrimoine archéologique et architectural de nos communes, et la mise en valeur de leur histoire.